Décès de Jacques Delors

Jacques Delors est décédé. À 98 ans, il aura bien vécu. Il est sans doute pour le SYNPER l’une des figures politiques les plus marquantes : il était social tout en étant fermement libéral. Cet équilibre est bien rare aujourd’hui de trouver.

Il a eu un engagement syndical proche du nôtre, à la CFTC, avant de faire de la politique.

Il œuvre à l’achèvement du marché intérieur, le libre-échange entre les nations européennes qui fait notre richesse. Puis il se consacre à l’Union économique et monétaire, et lance le plan “Delors” qui aboutira, bien après, à la création de l’Euro. Il terminera son aventure politique sur le Livre blanc sur la croissance, la compétitivité et l’emploi (1993) qui aura constitué une sorte de matrice du développement ultérieur des politiques de l’Union européenne dans le champ économique et social. La richesse de notre nation, et donc les emplois, sont directement liés à ces développements (ce qu’à rebours le Royaume Uni découvre avec les effets du Brexit).

Mais c’est également lui qui a porté la Charte sociale européenne adoptée en 1961 et des programmes Erasmus. L’orientation du Fonds social européen avec une ouverture aux structures et organismes privés (employeurs, syndicats ou encore entreprises individuelles) se fait avec lui. Juste après son départ, l’orientation du fonds pour lutter contre le chômage est renforcée. Alors que s’affrontent les modèles sociaux dans le cadre d’une mondialisation de moins en moins coopérante, cette Europe sociale est d’autant plus importante pour protéger les travailleuses et les travailleurs.

La conviction que la performance économique, la compétitivité, et le progrès social sont non seulement liés mais se nourrissent l’un de l’autre est une idée que le SYNPER partage avec lui, et qui caractérise notre syndicalisme qui se refuse à la lutte de classe stérile.