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La conflictualisation et la réconciliation, Thanatos et Eros

dimanche 17 septembre 2023, par synper

Le Président du SYNPER, Monsieur Aimé MABONDZO, aime bien rappeler ce que son père lui disait :

- Mon fils, dans la vie il y a deux catégories de gens. Il y a ceux qui coupent. Et il y a ceux qui recousent. Fait rester notre famille parmi ceux qui recousent.

La tradition syndicale du SYNPER est une tradition pacifique, modérée, attentive. Nous aimons la discussion, tisser des liens et trouver des accords. L’inventivité pour trouver des solutions nouvelles est cruciale dans des moments de crise ou de tension. Notre tradition syndicale est précieuse.

Mais dans une guerre, ce sont toujours les modérés que l’on tue en premier.

Les modérés gênent parce qu’ils sont ceux qui empêchent la destruction totale que veulent tous ceux qui sont dans la haine. Les modérés sont ceux qui permettent la réconciliation. Les extrêmes n’en veulent pas.

La démocratie sociale et la démocratie citoyenne traversent la même crise : celle de la difficulté de construire. Il est beaucoup plus facile de détruire. Certains syndicats demandent des choses inacceptables, comme la retraite à 60 ans dans un monde où l’espérance de vie s’allonge et devient de plus en plus coûteuse. Être contre et ne proposer comme solution que de tout détruire est devenu un ordinaire du monde syndical et politique. Ceux qui gouvernent ou ceux qui participent à la gouvernance, comme le SYNPER qui a été pour la réforme des retraites, deviennent de moins en moins audibles. Les médias sont davantage intéressés par ceux qui crient que par les sages qui expliquent des choses complexes. Les politiques sont davantage intéressés à marquer leur différence que leur ressemblance, empêchant de trouver des sujets fédérateurs pour la nation. L’Union européenne, face à la guerre d’agression de la Russie contre l’Ukraine, aurait pu être un de ces sujets fédérateurs. Il l’est peut être lorsque l’on regarde que seuls les extrêmes s’y opposent ; mais on ne peut que constater le manque de convergence de vue de ceux qui sont pour et la façon qu’ils ont de saboter les efforts des uns et des autres.

Mais où va une société où l’on n’entend plus que la discorde ? Il y a une responsabilité à porter collectivement - tant par les médias que les acteurs de la démocratie - à rejeter l’outrance et à créer du sens. Une civilisation est mortelle. Et celles qui s’infligent volontairement des blessures, comme une automutilation, répétitive réduisent d’autant leur espérance de vie.

Revaloriser la pulsion de vie, un diagnostic partagé

Freud rappelait que l’on était sous le joug de deux grandes pulsions, celle de la vie (Eros) et celle de la mort (Thanatos). Les sociétés aussi. Et une réaction contre la pulsion de mort prend forme.

Cette réaction n’est peut-être pas philosophe, mais tout simplement technique et parfois émotionnelle. On ne peut plus accepter les propos de haine qui se multiplient avec les destructions qu’ils entraînent. La législation sur les GAFAM et les réseaux sociaux évoluent pour bannir les propos immondes. La lutte contre le harcèlement à l’école devient une priorité. Les tentations islamistes sur notre système éducatif sont brisées. L’Union européenne s’est renforcée devant la guerre à ses portes. Tous ces signaux sont sains.

Mais ils sont portés par le gouvernement ; et cette gouvernance est contestée. Si la contestation ne porte que sur la façon de faire, nous restons dans le champ de vie, mais encore faut-il que les acteurs de cette contestation n’utilise pas les figures outrancières des extrêmes pour échanger leurs points de vue. Car le risque est la contestation absolue que portent les extrêmes. Il faut pouvoir l’identifier clairement et la dénoncer.

Il est d’usage de parler de la « majorité silencieuse » devant la moindre « chienlit ». Mais les temps ont changé. La majorité silencieuse n’existe plus. C’est une majorité qui se laisse guider passivement et qui compte sur les autres pour faire ce qu’il y a à faire. La désaffection des corps intermédiaires en témoigne. Si la haine continue à attirer, les artisans de la paix peinent à mobiliser. Revaloriser la pulsion de vie ne peut se faire par quelques technocrates ou par quelques politiques éveillés. La pulsion de vie doit s’incarner dans toute la société.

Il faut se ressaisir. L’engagement dans les partis républicains et auprès des syndicats républicains est une nécessité. Et pour ces derniers le seul syndicat qui soit clair sur son engagement à la démocratie libérale est le SYNPER. Le modèle que nous défendons, des socialistes libéraux aux républicains européens, doit être incarné. Il ne peut pas être porté par procuration. La démocratie, sociale ou politique, doit se vivre. Il faut songer à ce qui nous rassemble et non pas à ce qui nous divise. L’engagement, ce n’est pas un enrôlement. L’engagement c’est un chemin que l’on emprunte, où l’on peut se tromper, où l’on peut trébucher. Ce chemin sera toujours agréable s’il est pratiqué dans le paysage de la démocratie libérale qui repose sur le profond respect des opinions des uns et des autres parce qu’elles participent à pouvoir faire changer notre société. Et une société qui ne change pas est une société qui meure, comme l’a rappelé Durkeim dans le suicide.

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