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« Pour un libéralisme populaire », de Nicolas Bouzou

dimanche 14 août 2022, par synper

Si l’on part du principe que le capitalisme n’est qu’un outil, il se soustrait à un jugement de valeur moral. Il n’est ni bon ni mauvais. Ce point de vue, qui est celui du SYNPER libéré du regard socialo-marxiste, permet alors de parler de régulation, c’est-à-dire d’avoir une approche morale qui ne s’applique plus à l’outil mais de ce que l’on veut en faire. C’est en ce sens que nous que avons lu avec grand plaisir le livre de Nicolas Bouzou, « pour un libéralisme populaire ».

La réflexion de Nicolas Bouzou contribue à aiguiser notre exigence de justice sociale. Un syndicat libéral comme le nôtre est loin d’avoir renoncé à rééquilibrer les rapports de force entre les travailleurs et les patrons. Il est même plus efficace que les autres car il soustrait de cette lutte la lutte politique. C’est en ce sens que nous sommes apolitique. Nous ne sommes pas là pour s’imaginer dans le rôle politique de soustraire le travailleur d’une pseudo exploitation de l’entrepreneur, dans le camp du bien pour défendre contre le mal, et pour l’avènement d’un monde communiste ou anticapitaliste.

Cette modération est bien évidemment détestée par ceux qui se sont fixés comme objectif de mettre à bas le système et non pas d’aider le travailleur. En effet, il y a une contre-performance bien identifiée par les salariés dans l’extrémisme des postures syndicales classiques. Elles conflictualisent les rapports sociaux, les rendant impossibles et créant ainsi les conditions d’une insurrection. Cette insurrection doit se traduire dans un premier temps par l’adhésion qui met en valeur le rapport de force nécessaire dans une société de lutte de classe. C’est ainsi que les syndicats ne voient que le mauvais côté des choses, ne font que se plaindre de façon insultante ou méprisante et, en réalité, n’ont pas de véritable intérêt à améliorer les conditions de travail des travailleurs. Pour qu’une guerre soit possible, il faut d’abord détruire les acteurs de paix. L’énergie que déploie Jean-Luc Mélenchon contre Nicolas Bouzou, invitant dans ses meetings à le huer, est la même que les syndicats classiques accordent au SYNPER.

« Le capitalisme n’est pas encore assez écologique, inclusif, populaire, féministe, équitable. Sur tous ces sujets, la société occidentale va dans le bon sens, mais trop lentement. » nous dit Nicolas Bouzou. Il propose, avec cette énergie qui lui est propre, mille et une idées pour permettre à cet outil qu’est le libéralisme de mieux répondre à notre exigence sociétale. En ce sens, Nicolas Bouzou se revendique libéral politiquement. Il s’inscrit dans la défense du libéralisme « sous toute ses dimensions », refusant le « rétrécissement du libéralisme à la liberté économique ». Il s’inscrit dans une filiation à Raymond Aron et à Jean-François Revel.

C’est là que le SYNPER ne l’accompagne plus. Non pas que le chemin ne soit pas intéressant. Ni même que nous n’ayons pas envie de vous dire de le suivre. Mais il s’agit d’un engagement politique et le SYNPER ne fait pas de politique. Si le SYNPER est libéral, c’est pour mieux défendre les travailleurs en acceptant les règles du jeu auxquels ils sont soumis. On ne peut bien défendre le travailleur dans sa société, dans sa zone géographique (du bassin d’emploi à l’Union européenne), qu’en comprenant l’économie. La force de négociation du SYNPER est que sa négociation s’inscrit dans la bonne compréhension de l’ensemble des règles qui contraignent l’employé comme l’employeur. C’est pour cela que nous sommes bien plus performants que nos concurrents syndicaux dans la défense des intérêts des travailleurs. Nous rendons ces intérêts audibles par tous les partenaires. Nous sommes des faiseurs de paix et d’accords gagnants-gagnants. Nous faisons se rejoindre performance et bien-être ; et plus encore, nous montrons que les notions se nourrissent.

Riches en propositions, l’ouvrage de Nicolas Bouzou n’oublie pas le syndicalisme et souligne, comme nous, le dysfonctionnement d’un système de financements publics qui s’est substitué à celui de l’adhésion. Cette corrélation fait que le syndicalisme ne dépend plus, pour ses ressources, de ceux qu’il représente mais de l’État qui lui donne une rente. Il est dommage que l’analyse de l’auteur n’aille pas au-delà. Il y a une analyse libérale a avoir, particulièrement intéressante. Nous sommes dans le danger des positions dominantes, monopolistique ou quasi monopolistiques. On peut considérer que le syndicalisme français est trop diversifié - mais en réalité toutes les traditions sont issue de la même tradition socialo-communiste et se résume à un combat de nuances entre lesdits « réformistes » et lesdits « revolutionnaires ». Ce diptyque est « ultra conservateurs ». Les syndicats traditionnels défendent les « insiders » et non les « outsiders ». Le SYNPER, lui, est dans la capacité à atteindre jusqu’aux contractuels et chômeurs, c’est à dire ceux qui ont le plus besoin de solidarité, et accroît chaque année son emprise dans le secteur privé. Il refuse toute subvention publique. Il y a urgence à ce ce que le syndicalisme évolue pour mieux répondre aux besoins des travailleurs et le SYNPER démontre que ce changement est possible.

Si Nicolas Bouzou critique l’État « nounou » selon l’expression d’Othman Nasrou, il ne s’en exclame pas moins « Vive l’État pour assurer les fonctions régaliennes, aider les plus fragiles, protéger en cas de crise » ! Et la crise sanitaire, économique et agroalimentaire que nous traversons actuellement lui donne l’occasion de saluer la réactivité et la force de l’action de protection mise en place par Emmanuel Macron. Bien évidemment, il souligne sa préoccupation vis-à-vis du déficit public mais la capacité de l’auteur à savoir s’élever et reconnaître de façon non partisane les contributions intéressantes des uns et des autres ne fait que rendre ses réflexions plus faciles à accueillir par tous. Albert Camus disait tout simplement : « On ne décide pas de la vérité d’une pensée selon qu’elle est de droite ou de gauche et encore moins selon ce que la droite et la gauche décident d’en faire. »